Zahhäk, le roi serpent / Vladimir Medvedev – Noir sur blanc, 2019.
Dans les années 90 au Tadjikistan, dans des petites communautés montagnardes, la grande Histoire continue ses ravages. Englués dans la tradition, vivant ou plutôt survivant dans une nature somptueuse, exigeante et peu généreuse, les villageois sont rattrapés par la guerre civile qui plonge le pays dans le chaos après la chute de l’empire soviétique. A travers le destin de quelques-uns, l’auteur nous donne la matière pour mieux comprendre les souffrances des populations de l’Asie centrale. Petits chefs de guerre, armée corrompue, trafiquants d’opium, jalousies familiales, rivalités de clans… autant de raisons pour que la vie, déjà difficile dans ces montagnes hostiles, devienne un enfer.
Vladimir Medvedev réussit le pari de nous montrer par le petit bout de la lorgnette, les conséquences et inconséquences de la cupidité et de la stupidité humaine. La culture ancestrale tadjik y est largement décrite (notamment par la présence de poèmes anciens), ce qui donne un éclairage supplémentaire sur cette situation politique.
Roman grave, très bien construit et traduit… décidément Medvedev nous réveille les neurones et nous fait oublier les lectures molles de l’été !